Communiqué : Interdiction du marché de Kingersheim

Campagne lancée le 27 mars 2020

Interdiction du marché des Sheds à Kingersheim


En période de crise, n’y a-t-il que les supermarchés qui puissent nous nourrir ?



Suite à l’interdiction des marchés par décret, la ville de Kingersheim, sur la demande de l’association les Sheds, avait déposé une demande de dérogation auprès du préfet. Le marché du mercredi ne réunissant que quatre producteurs et moins de 200 personnes en trois heures ne nous semblait pas visé par l’interdiction du premier ministre. Mais la réponse est tombée ce matin : pour le préfet, c’est non.



Le marché des Sheds est pourtant depuis dix ans, le seul marché de l’agglomération mulhousienne a proposer uniquement des produits bio, de saison et vendus directement par les producteurs locaux. Il répond à une demande croissante des consommat·eur·rice·s : disposer d’une alternative aux supermarchés en limitant les intermédiaires et en soutenant une production locale, à taille humaine et exemplaire d’un point de vue environnement et social.



Dans sa réponse, le préfet considère que Kingersheim « présente une offre de produits et denrées alimentaires suffisante ». Pour Michaël Horn des Sheds « cette interprétation reflète bien la pensée unique de l’État : en temps de crise, hors de la grande distribution point de salut ! » Pourtant, si l’on en croit les statistiques, il y a déjà 2 personnes sur 10 en France qui s’approvisionnent auprès des alternatives aux supermarchés qui sont de plus en plus nombreuses et de plus en plus demandées.



L’association les Sheds avait pourtant réussi à organiser un marché exemplaire du point de vue de la sécurité sanitaire, notamment en suivant les conseils de bénévoles qui sont membres du personnel soignant. « Nous répondons ces derniers jours à de plus en plus de questions d’habitants et habitantes du quartier qui ne veulent pas se rendre dans la grande distribution. Et voilà qu’on nous interdit le marché et qu’on demande aux familles qui payent déjà un abonnement pour leur pain ou leurs légumes d’aller au supermarché, là où se concentrent les personnes s’insurge Michaël Horn. Non seulement il ne pourront pas trouver de produits de qualité équivalente mais en plus c’est une abération sanitaire ! »



« Un système résilient en temps de crise ne consiste pas à concentrer tous les flux au même endroit ! Au contraire il faut répartir l’alimentation dans de petites épiceries et des petits marchés de quartiers qui sont complémentaires. Cela limite les déplacements et rend le système plus résistant. Les supermarchés d’un territoire dépendent tous de la même centrale régionale. On l’a vu avec le matériel médical : dépendre d’une seule usine crée vite la pénurie en cas de problème. Là, on est entrain de refaire la même erreur pour l’alimentation ! »



Le préfet a également indiqué que « conscient des difficultés que la fermeture […] des marchés […] fait peser sur les producteurs locaux […] j’ai invité les acteurs du secteur de la grande distribution à privilégier l’approvisionnement en produits locaux ».



Pour les Sheds, cette « solution alternative » n’est pas réalisable : « C’est une méconnaissance totale des spécificités des marchés par abonnements : les producteurs qui ont mis en place des systèmes d’abonnements sont organisés pour assurer des distributions une fois par semaine et non pas chaque jour comme l’impose le fonctionnement de la « grande » distribution. Le boulanger par exemple n’allume pas son four à bois chaque jour ! De plus les producteurs ne sont pas prêts (pas de codes-barres, pas d’emballage individuel, pas assez de production…) Et puis de toute façon il ne le veulent pas, pour des raisons éthiques et aussi car la grande distribution ne leur garantit que très rarement un revenu décent. »



Hazaël de la boulangerie Cézamie considère justement que : « à ce jour, le système AMAP est une des solutions les plus sûres et responsables pour s'approvisionner en produits locaux, de qualité tout en limitant au minimum les risques : très peu de monde, pas d'intermédiaires (les clients sont les seconds à toucher les produits !), pas d'échange d'argent... »



L’association va réfléchir avec les producteurs pour que les abonnements puissent continuer a être distribués à l’épicerie qui est (pour l’instant encore) autorisée à poursuivre son activité.



En pratique : L’épicerie des Sheds est ouverte le mercredi, vendredi et samedi de 9h à 18h.

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