La Scène

Sentiers
Une exposition collective d'Anne-Marie Schoen, de Marie-Dominique Guth et de Vincent Schueller

Ce moment de l'anthropocène définit bien notre époque où l'être humain, par son action sur l'environnement détruit les équilibres qui permettent le maintien de la vie sur Terre.

La massification des productions industrielles, qui s'écoulent dans la consommation pour finir en montagnes de déchets, est en lien avec la destruction des milieux naturels, dont l'être humain fait partie et le déjà puissant dérèglement climatique.

Un système qui ne peut plus résorber des excès en tous genres engendre des phénomènes violents, des destructions extrêmes et augmente l'imprévisibilité des événements.
Cet anthropocène se joue aussi dans les corps et les esprits. La pensée corsetée dans le mythe du tout technique et du tout technologique, du productivisme aveugle, de la prédation occulte l'âme du vivant et des choses.

Le corps, contrôlé par les machines techniques, sociales, politiques perd la conscience de lui-même et de sa capacité à faire sa propre évaluation. Le monde prétendument libre est celui d'une hétéronomie croissante et d'une disparition d'une forme de sensible. Cette perte de vue de la source, naïvement compensée par la fiction de la reconstitution-spectacle produit sur la vie un sentiment de déréalisation qui entrave la clairvoyance, et donc le choix.

Nous voyons bien que les conceptions du monde prédigérées, inculquées par un système économiques lui-même aveugle, nous empêchent de toucher du doigt certaines réalités.

Et nous voyons bien également, à quel point, l'humanité peine à remettre à plat ses modes de vie et à réinventer de nouvelles formes, au lieu d'organiser son propre suicide...

L'expositions Sentiers présente trois productions artistiques sous la forme de gestes mémoire, reliant le corps avec un environnement, où existe encore du vivant.

Cette pensée-au-corps observe, saisit, noue, renoue, appréhende le matériau, façonne, transforme et cherche à replacer le Soi dans un ensemble, et non stupidement à l'isoler. Il crée des interconnexions. Il s'agit d'une mémoire-première.

Vincent Schueller – octobre 2024